Les algues constituent indirectement une part importante de notre régime
alimentaire. Les gélifiants et émulsifiants que nous consommons
quotidiennement dans les produits laitiers sont des extraits d'algues.
Par exemple, les codes E 401 à E 405 apposés sur les étiquettes
de crèmes desserts correspondent à des alginates extraits d'algues
brunes (laminaires). Les gélifiants E 406 (agars) sont extraits
d'algues rouges du genre Gelidium et les carraghénanes (E 407)
sont extraits de Chondrus crispus qui pour cette raison est
appellé carragheen outre Manche ou goémon blanc en
Bretagne.
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Les
Himanthalia sont utilisés depuis peu dans l'alimentation
humaine et commercialisés en France sous le nom de
"haricots" ou "spaghettis de mer". |
Dans certains pays asiatiques, des algues fraîches ou séchées, riches
en divers éléments tels que vitamines et oligo-éléments sont
à la base de nombreux plats traditionnels. Chaque Japonais consomme
environ 4 kg d'algues par an et les noms commerciaux des espèces
comestibles (Kombu pour Laminaria, Nori pour Porphyra, Wakamé pour
Undaria) trahissent leur origine asiatique.
A côté de ces utilisations alimentaires, les algues sont également à
la base de nombreux produits cosmétiques et thérapeutiques.
Elles peuvent être utilisées pour traiter des carences protéiques
(Spirunina platensis, la célèbre spiruline) ou des problèmes
circulatoires (Delesseria sanguinea). Leur forte teneur en iode
permet leur utilisation pour le traitement des carences en iode.
La littérature scientifique indique que plusieurs centaines d'espèces
d'algues pourraient renfermer des molécules ayant une activité
antibactérienne, antifongique, antitumorale ou vermifuge. Elles
sont également utilisées en grande quantité en thalassothérapie et
entrent dans la composition de cosmétiques (crèmes, masques...). De
manière plus anecdotique, certaines algues sont capables de produire
des hydrocarbures (Botryococcus 6raunü) et d'autres sont utilisées
en exploration spatiale pour synthétiser l'oxygène
indispensable aux spationautes.
Face à tant de potentialités et de domaines d'utilisation, il est
compréhensible que beaucoup d'entreprises investissent dans la culture
de ces végétaux. Ainsi, sur le seul continent asiatique, d'importantes
surfaces côtières sont dévolues à cette aquaculture.

Récolte
artisanale d'algues du genre Caulerpa en Asie.
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En 1994, 90 % des 7 637 721 tonnes d'algues
fraîches utilisées par l'Homme provenaient de cultures ; le reste des
récoltes se faisant directement dans le milieu naturel, notamment en
Bretagne, à l'aide d'un "scoubidou", sorte de bras
hydraulique dont sont équipés les bateaux goémoniers.
Certaines
microalgues peuvent être dangereuses... |
En parallèle à ces utilisations, certains végétaux marins peuvent présenter
un dangre véritable pour l'Homme en cas de proliférations
massives appelées "bloom" ou "marée rouge". Le
groupe des Dinoflagellés (algues microscopiques) contient à lui seul
une cinquantaine d'espèces toxiques. L'ingestion de fruits de mer
ayant concentré des toxines d'algues dans leurs tissus peut provoquer
des symptômes neurologiques, digestifs et musculaires pouvant
entraîner la mort. En eau douce également, lorsque les conditions sont
favorables, des microalgues toxiques prolifèrent, provoquant des morts
massives d'animaux et pouvant nuire à la santé des baigneurs, les
troubles allant de la simple affection dermatologique à des lésions
neurologiques ou hépatiques irréversibles. Lorsque certains représentants
du groupe des Haptophytes prolifèrent, ils rejettent dans
l'atmosphère des substances chimiques (Di-Méthyl Sulfate) en si grande
quantité qu'elles peuvent provoquer des modifications climatiques à
l'échelle planétaire en agissant sur la densité nuageuse.

Fucus
spiralis L. est une espèce marine courante
sur la côte atlantique européenne.
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Pour ce qui est des algues macroscopiques marines, leur prolifération,
même si les espèces impliquées ne synthétisent aucune toxine,
peuvent être nuisibles pour l'Homme. Par exemple, les "marées
vertes" fréquentes en Bretagne et liées à l'utilisation
massive d'engrais, sont néfastes aux professionnels du tourisme,
car la décomposition des algues vertes échouées (plus de 40 000 m3
/an d'algues du genre Ulva en Bretagne) est à l'origine de désagréments
visuels et olfactifs. Les opérations de "nettoyage"qui s'en
suivent causent également des déséquilibres écologiques. La prolifération
anarchique d'espèces introduites n'est pas non plus sans conséquences
sur l'environnement. Le cas de la Caulerpa taxifolia en Méditerranée,
largement médiatisé, en est un exemple.
A ces nuisances viennent s'ajouter des cas d'algues parasites
d'animaux ou de végétaux terrestres. Des genres tels que Astasia
ou Parastasiella s'attaquent aux Crustacés en infestant leurs
tissus pour s'y reproduire. Chez les plantes, des espèces économiquement
importantes, comme le théier ou le cacaoyer, sont parasitées par le
genre Cephtaleuros.
Finalement, même si certaines espèces peuvent s'avérer nuisibles, il
ne faut pas perdre de vue le rôle vital que jouent les algues. Le phytoplancton
(l'ensemble des micro-algues en suspension dans l'eau) constitue à l'évidence
la plus importante machine à produire de l'oxygène du globe et
les "forêts d'algues" sont un lieu privilégié pour la reproduction
et la nutrition de beaucoup d'espèces animales.
Les algues sont également un sujet de recherche scientifique très
active, comme en témoigne l |